I Need Somebody ( Autumn ... )

J’avais envie de le frapper mais il ne tenait déjà pas debout alors je n’allais pas en rajouter. Il racontait strictement n’importe quoi, disait qu’il allait me donner de l’argent en compensation et qu’ainsi je pourrais m’acheter des sous-vêtements pour faire plaisir à mon petit ami. Il était ridicule. Ce fut assez étrange lorsqu’il me dit qu’il voudrait les voir. Enfin d’un côté il était complètement ivre mort, je ne devais porter d’attention à rien de tout ce qu’il pourrait me raconter ce soir. Il n’avait aucune idée de ce qu’il disait.

- Tu racontes n’importe quoi ! Et SI tu es un pervers, comme tous les autres garçons !

Il était même le premier à dire qu’il était comme tous les autres garçons, qu’il ne valait pas mieux. Et il était tellement mal qu’il ne devait même pas réaliser qu’il venait de demander à sa sœur de lui montrer ses sous-vêtements. Mais bref ce n’était pas le sujet pour le moment. Il me cassait le dos, tenant de moins en moins sur ses deux jambes. Heureusement nous arrivâmes vite à la salle de bain, sans réveiller les parents par chance.

Il ne se rua même pas sur les toilettes, et à la place s’adossa contre le mur, fermant les yeux. Il était dans un piteux : c’était le moins que l’on puisse dire. Je le laissais assis et me levait pour ouvrir les fenêtres puisqu’il m’avait dit en montant qu’il avait besoin d’air. Je me retournais alors qu’il s’excusais et ajoutait tout bas qu’il … quoi ?

- Qu’est-ce que tu … ?! Non laisse tomber !

J’étais totalement ridicule. J’avais tellement envie de l’entendre me le dire que j’avais des hallucinations. J’avais envie de me frapper tellement je me trouvais pitoyable. Presque autant que Ethan en ce moment … non peut-être pas quand même. Et puis même si il avait réellement dit ce que je pensais, il était tellement ivre que ça ne signifiait rien. Ou juste qu’il aimait sa sœur qui était toujours là pour lui. Oui c’était forcément ça. Je n’étais qu’une idiote.

- Ça tu peux être désolé ! Tu aurais fait comment si je ne n’étais pas tellement inquiété que je ne m’étais pas couchée ? Katherine t’aurais retrouvé demain vautré sur le perron ?

Bon d’accord je venais clairement de me vendre en lui disant que je l’avais attendu volontairement de peur qu’il lui soit arrivé quelque chose mais ce n’était pas vraiment comme si il me portait quelconque attention ou comme si il s’en souviendrait demain. Je m’écartais de lui lorsqu’il me dit qu’il allait être malade. Je préférais m’épargner.

- Dans les toilettes Ethan, pas sur moi je t’en supplie !

Comme si c’était vraiment le genre de problèmes qu’il m’était indispensable de régler à plus d’une heure du matin un jour de semaine. Il allait me payer ça, et très cher. Je ne savais même pas ce qu’il lui avait pris de faire une telle chose. Je l’avais déjà vu un peu bourré à des fêtes le vendredi ou le samedi, mais jamais à ce point, et jamais en semaine. Et je ne voyais même pas de motif pour se saouler de la sorte.

- Je ne t’ai jamais vu dans cet état ! Tu peux me dire ce qui t’as pris ?

Je ne comprenais pas vraiment ce qui l’avait poussé à se prendre la plus grosse cuite de sa vie un jeudi soir banal. Vous me direz qu’il n’y a pas de jours - tout de même, ça m’intriguait. Enfin je n’étais pas certaine d’avoir une réponse vu son état à cet instant. Je m’armais d’une serviette au cas où. Juré que j’allais lui faire revaloir çà. Il pouvait compter sur moi pour lui rappeler !

" Mais tu vois je vais bien ... Il n'y a pas de problèmes !"

Je lui fis un sourire, évasif, je ne me sentais pas en grande forme, ça on l'avait remarqué tout les deux. Il était temps que je fasse un effort pour me lever, et aller me coucher. Malheureusement les effets de l'alcool empirait mon état bien que cela faisait bien une demi-heure que j'avais bu mon dernier verre. Je l'avais prévenu que je n'étais pas bien, que j'allais être malade. Pourtant, ça passait quelques secondes plus tard et je me sentais un peu mieux.

" C'est bon ... Je crois ..."

Elle me demandait à présent ce qui m'avais pris de me mettre dans un état pareil. C'est vrai, à la base je ne devais pas sortir, et je ne devais en aucun cas boire mais c'était venu sans que je m'en rende compte, j'avais enchaîner les verres et j'arrivais à un état tel que j'étais carrément pitoyable.

" Je sais pas ... j'étais pas trop bien ... J'avais pas envie de rentrer et puis, on m'a proposé un verre ! Puis un deuxième, et tu connais la suite ! Je sais même pas combien j'ai bu de verres, enfin je pense avoir dépassé la limite ..."

Je respirais un grand coup et tentais de me lever. M'agrippant à la baignoire qui se trouvait à côté, j'arrivais enfin à tenir sur mes jambes. Autumn se trouvait à quelques centimètres de moi, Serviette à la main. Je m'approchais du lavabo, me rinçant le visage à l'eau, y passant même mes cheveux, puis lui pris la serviette. J'étais crevé et j'avais besoin d'aller me coucher. Enfin avec cette tête qui me tournait, je n'étais pas sûr de savoir m'endormir tout de suite.

" C'est bon ! On peut aller se coucher ! Je crois que je me sentirais mieux dans mon lit !"

Je la regardais, mes yeux étaient tellement explosé qu'on aurait pu croire que j'avais fais autre chose que boire. Pourtant cela avait suffit pour me rendre dans un état pareil. Elle me suivait de près dans le couloir et nous arrivâmes assez vite dans ma chambre. Je me jetais sur mon lit et me positionna sur le dos; comme prévu, j'avais l'impression que j'étais dans un manège. J'avais la tête si lourde que je pensais qu'elle allait se détacher de mon corps ... Je regardais le plafond, sans bouger, je n'avais plus la force ...

" Je l'aime si tu savais ... J'en souffre tellement... C'est dur !"

Je disais des morceaux de phrases, je ne savais même plus où j'étais. Je ne savais même pas si Autumn était toujours dans la chambre; C'est en tournant ma tête que je remarquais qu'elle était toujours là

" Tu es là ! Comme toujours ..."

Je lui fis un vague sourire, la fixant avec des yeux que j'essayais d'ouvrir au maximum. Je n'avais pas envie qu'elle parte, j'avais envie qu'elle reste avec moi. Mais je savais que dès que je m'endormirais ou peut être même avant, elle allait partir ... et ça me rendait déjà malade...

Pas de problèmes. Bien sur c’était tout à fait ça. Certain que si je l’avais laissé tout seul, il s’en serait sorti comme un chef. Mais bien sur. Enfin je pouvais le laisser parler. Si c’était ça allait bien, alors je préférais ne pas voir ce que ça donnait quand il allait mal. Ça ne devait pas être beau à voir.

Il prétendait aller mieux mais j’étais toujours aux aguets. Ça pouvait monter d’un instant à l’autre. Il n’arrivait pas à se lever, et renonça pour le moment, me donnant une excuse plus que vague à son état. Il n’allait pas bien. Ça je m’en était douté : ce n’était pas cela qui allait m’aider à comprendre. Mais j’avais comme l’impression que je ne pouvais pas lui demander plus pour le moment.

Il arriva ensuite finalement à se lever et se rinça le visage dans le lavabo. Il me jeta ensuite un regard - il avait vraiment une mine à faire peur. Je n’osais même pas essayer de deviner quelle quantité d’alcool il avait du ingurgité pour être dans un tel état. J’avais comme dans l’idée qu’il valait mieux que je l’ignore.

- T’as vraiment une sale tête tu sais.

Je lui souris, le laissant passer devant moi pour rejoindre sa chambre. Avant de le suivre, j’ouvris la pharmacie de la salle de bain pour prendre le paquet de doliprane et fit couler de l’eau pour remplir un verre. Puis je le suivis vers sa chambre. Je n’allais sûrement pas le laisser tant que je ne m’étais pas assurée qu’il allait mieux et qu’il dormait tranquillement.

Il se vautra sur son lit et prononça des morceaux de phrases qui me brisèrent le cœur. Il me parlait - enfin on ne pouvait pas dire qu’il me parlait réellement - d’une fille dont il était amoureux. Et apparemment assez amoureux ce qui le faisait souffrir. Si il savait seulement à quel point ça me faisait mal aussi de l’entendre dire une telle chose.

Il sourit lorsqu’il constata que j’étais toujours là. Bien sur que je n’étais pas partie. Je n’allais pas le laisser là tout seul, dans l’état dans lequel il était. Il avait besoin de moi, besoin de mon aide. Et j’aimais juste savoir qu’il avait besoin de moi. Je m’avançais vers son lit, pour m’asseoir au bord, juste à côté de là où il était allongé.

- Je suis toujours là pour toi ! Tiens prends ça ! Ça rendra le réveil un peu moins difficile demain.

Je lui tendit deux dolipranes et le verre d’eau. Cela ne suffirait pas à éviter sa gueule de bois, mais ça arrangerait sûrement un minimum les choses. Je le regardais avec tendresse, essayant de masquer la tristesse qui m’avait envahie lorsqu’il avait dit qu’il « l’aimait ». Je passais ma main dans ses cheveux, dégageant ainsi son visage. Il arrivait quand même à être beau alors qu’il était complètement saoul.

- Tu me parlais de qui ? C’est qui la fille que tu aimes et qui te fait souffrir ?

Je ne savais même pas si au fond je désirais connaître la réponse. Mais je préférais sûrement en avoir l’esprit clair. Il sortait avec Brooklyn et pourtant j’avais comme l’impression qu’il ne s’agissait pas d’elle. Après tout pourquoi souffrirait-il dans ce cas là ? Il avait déjà Brooklyn. Alors de qui pouvait-il s’agir ? Peut importe qui elle était, je la détestais déjà.

- C’est la fille que je t’ai vu embrasser tout à l’heure ?

Ça pourrait être la réponse. Il sortait avec Brooklyn et n’osait pas la larguer et pourtant il était amoureux de cette pimbêche qu’il avait embrassée ce matin et ne pouvait pas la laisser partir. C’était l’explication la plus probable. Et pourtant je souhaitais avoir tord. Enfin de toutes manières qu’est-ce que ça changeait qu’il s’agisse de telle ou telle fille ?! Dans tous les cas je n’étais qu’une imbécile qui espérait toujours apprendre un jour que son frère avait les mêmes sentiments qu’elle. Son frère. J’avais honte de moi-même !

Je gardait mes yeux fixés sur lui encore de longues secondes avant de les fermer. Je crois que j’étais tellement fatiguée que je me suis assoupie rapidement, même avant lui alors que je m’étais promis d’attendre qu’il s’endorme avant de faire de même. Mais la journée avait été trop longue pour résister au sommeil. Je dormais paisiblement cette nuit là.

Je dormais encore lorsque j’entendis une voix masculine. J’étais encore dans une phase de sommeil qui ne me permettait pas de distinguer clairement à qui appartenait cette voix, et surtout ce qu’elle me disait. Mon premier réflexe fut de me rapprocher du corps voisin au mien, me lovant contre sa poitrine. Je me sentais terriblement bien même si je ne réalisais absolument rien - j’étais dans une phase de totale inconscience.

La voix retentit à nouveau et je reconnu mon nom. Je fis un effort pour ouvrir mes yeux, et lorsque je réalisais qui était juste à côté de moi, ou plutôt penché sur moi, je sursautais, reculant par la même occasion. Est-ce que je venais réellement de me « frotter » contre mon frère ?! Les souvenirs de la veille me revenaient en tête. Mon premier réflexe fut d’attraper le réveil sur la table de nuit. 10h13. J’étais largement en retard en cours.

- Et merde ! Enfin en retard pour en retard !

Je poussais la couverture, et me levais du lit, étirant mes pauvres petits muscles encore endoloris. Je me retournais vers Ethan qui avait encore une sale tête à cause de ses excès de la veille. Il devait avoir un mal de tête affreux : je compatissais. Je lui souris et lui fit signe de sortir lui aussi du lit !

- Je suppose que c’est pas beaucoup mieux qu’hier ! Viens je vais te faire mon cocktail imbuvable anti-gueule de bois.

Il ne méritait sûrement pas que je sois aussi gentille avec lui mais ça me faisait mal au cœur de le voir mal. J’imaginais qu’il devait avoir une migraine insupportable et un mal de cœur horrible - alors c’était déjà une bonne punition sans que j’en rajoute. Je descendais les escaliers - heureusement les parents étaient déjà partis tous les deux travailler - et me dirigeais vers la cuisine.

Je supposais que Ethan ne devait pas avoir très faim alors je ne lui demandais même pas ce qu’il souhaitait manger. Je lui fit signe de s’asseoir au bord du comptoir de la cuisine, pendant que je préparais mon remède anti-gueule de bois à base de tout un tas d’ingrédients infectes. Mais c’était ça où garder la migraine et les maux de cœur.

- Tu ne vas toujours pas me dire pourquoi t’es as autant bu hier ?! La vraie raison ! Parce que boire autant sans raison, j’ai du mal à le croire !

J’étais persuadée qu’il y avait quelque chose même si il n’avait pas voulu me le dire la veille. J’étais même certaine que si il s’était autant saoulé, c’était à cause de cette fille qu’il aimait mais qui apparemment n’était pas accessible. J’espérais qu’il accepterais de m’en parler, m’en disant un peu plus. Me révélant l’identité de cette mystérieuse fille par exemple.

- Tiens ! C’est répugnant mais au moins ça devrait aller mieux après !

Je lui tendit la mixture verdâtre, me retournant à nouveau vers le fourneau pour me préparer des œufs brouillés. A vrai dire je voulais qu’il me parle sans que j’ai à lui faire face, à le regarder dans les yeux. C’était plus simple comme ça.

Alors que je l'appelais une première fois, elle ne semblait pas réagir et j'en déduisis qu'elle ne m'avait pas entendu. L'appelant une deuxième fois, je fus surpris de son geste. Elle commençait à se blottir contre moi, je gardais mes mains en l'air, on ne sait jamais, elle pourrait dire que j'en profite. Je me rappelais de tous ce que je lui avais dis la veille, enfin en partie. Oui donc je ne me rappelais pas de tout entièrement... Alors qu'elle ouvrait enfin les yeux, elle sursautait en me voyant si proche d'elle, enfin elle si proche de moi. Elle se levait et se tournait vers moi, me souriant. Elle avait raison, je devais aussi me lever du lit, même si je n'étais pas sûr de pouvoir tenir debout. Elle me surprenait, elle était tellement...prévenante. Je lui fis un sourire et m'approcha d'elle

" J'ai un mal de tête atroce et je suis tout barbouillé ! A part ça, tout va bien ! Je ne dirais pas non à ton cocktail !"

Je la suivais dans les escaliers. Nous nous dirigeâmes vers la cuisine et je m'installais sur un tabouret. J'avais les membres tout engourdis, j'allais probablement passer ma journée à dormir. Je n'étais pas vraiment en forme pour faire quoi que ce soit d'autres; Alors qu'elle préparait mon cocktail, je posais mes bras et ma tête sur la table. J'étais exténué. Elle se tournait vers moi et me demander encore une fois pourquoi je m'étais mis dans un état pareil. Je levais ma tête vers elle ...

" ... Je sais pas trop ! Je te l'ai dis, j'avais pas trop le moral ! Si tu veux savoir pourquoi ... C'est juste inintéressant ! Tu sais bien, chez les jeunes, on a tous nos périodes de déprimes, de remise en cause !"

Elle ne semblait pas convaincu. Pourtant je ne voyais pas quoi lui dire d'autre. Elle me donnait le Cocktail. Ca ne me donnait pas du tout envie. Mais je lui faisais confiance, elle n'allait sûrement pas m'empoisonner. J'avançais le verre de mes lèvres; l'odeur était étrange ... Je bouchais mon nez et commençait à boire, le plus vite possible. Je toussais après avoir bu la moitié du verre ...

" C'est infecte ! J'espère qu'au moins c'est efficace !"

Elle restait silencieuse, je me décidais alors à poursuivre mon explication. Enfin, bien sûr pour ça, il aurait fallu que l'explication n'est aucun lien avec elle. Car là je ne pouvais pas lui dire la vérité, j'étais obligé de lui mentir, pour ne pas qu'elle se doute de quoi que ce soit.

" Ne t'inquiètes pas pour moi d'accord ? Je veux dire, je vais bien. Mes idées sont en place, je vais mieux ! Cette soirée m'a fait du bien en réalité ! Je me suis rendu compte de certaines choses ... et maintenant je n'ai plus à me comporter comme le dernier des idiots !"

Je la regardais. Bon d'accord je n'expliquais rien encore, mais je ne savais vraiment pas quoi lui dire d'autres. Je passais une main dans mes cheveux tout en la regardant. J'avais oublié quelque chose d'essentiel à lui dire ...

" Je voulais te dire merci ! De t'être occuper aussi bien de moi hier ! ça m'a fait du bien ... De me dire que je pouvais compter sur toi ... Par contre je suis désolé pour tes cours ... j'espère que tu n'avais rien d'important ce matin ! "

Chaque mouvement de sa part me rendait nerveux, je crois que je ne m'étais jamais senti comme ça. Je voulais absolument savoir ce qui se passait. Elle partait chercher quelque chose, je cru qu'elle ne reviendrait jamais tellement les secondes me paraissaient longues. J'essayais d'être moins nerveux mais c'était assez difficile à cacher. Elle semblait douter, comme si elle était persuadée que j'allais forcément m'énerver. Cela ne valait rien de très bon. Je respirais un grand coup.

" Bon tu va me dire ce qui se passe ?"

Elle était tellement hésitante que j'en perdais patience. J'avais la voix tremblante. Mon Dieu qu'elle ne se doute de rien, j'espérais qu'elle mettrait ça sur le compte de la nuit de folie que je venais de passer. Je ne répondais pas à sa demain. Je n'allais rien promettre du tout tant que je ne savais pas de quoi il s'agissait. Elle s'installa à nouveau à sa place, qu'avait-elle été chercher au juste ? Je compris vite lorsqu'elle posa sa main sur la table. Je le savais, ça ne pouvait être autre chose. Je restais bouche bée devant la bague, mon regard était fixée sur celle-ci. Cela ressemblait bien à une bague de fiançailles; Le doigt choisi correspondait également. J'avais envie de vomir, envie de hurler aussi. Pourtant je ne réagissais pas, je ne savais pas comment faire en réalité pour ne pas trahir mes sentiments. En parlant de Trahison, je me sentais totalement trahis. Autumn m'appartenait et je n'avais en aucun cas envie qu'elle parte... et se marie avec un autre ... Je levais mes yeux vers elle, la fureur commençait à monter en moi. Elle devait le voir sur mon visage; c'est alors que j'ouvris enfin la bouche, pour hurler...

" Tu es cinglée !? Qu'est ce que ça veut dire ? T'as quel âge au juste ?! Tu ..."

J'avais le souffle coupé, je n'arrivais pas à cacher ma nervosité et j'avais du mal à enchaîner. Cela me faisait tellement de mal ... Je commençais à devenir de plus en plis nerveux, je me levais de mon tabouret, ne tenant plus en place. Je marchais à travers la pièce, essayant de trouver une explication à toute cette absurdité. Je repris une voix normale, qui restait cependant très froide. Je ne la regardais même plus ...

"C'est absurde, tu ne peux pas ... Tu crois vraiment que les parents vont te laisser gâcher ta vie ? Qu'est ce que tu lui trouves au juste à ce pauvre type ? "

Il était évident que j'étais déboussolé, malheureusement pour moi ça se voyait. J'étais tout bonnement perdu. Je passais ma main sur mon visage, je sentais les sueurs froides me revenir; Cela vous ai déjà arrivé ? Quand vous ne pouvez pas gérer la situation; peu importe ce que vous entreprenez, la personne en face de vous vous abandonne et il n'y a plus aucune chance de la faire changer d'avis et de tout rétablir comme avant ... J'avais les larmes aux yeux, je prendrais l'excuse de la fatigue, je ne pleurais jamais. D'ailleurs la dernière et seule fois qu'Autumn m'avait vu pleurer j'avais 10 ans. Lorsque j'avais perdu ma grand-mère maternelle dont j'avais été très proche enfant. J'essayais de me calmer ... Je n'avais plus la force de lui parler ...

" Je monte me coucher ..."

Je faillis renverser le plateau qu'elle avait amené sur le bar en passant proche de lui, j'avais soudain retrouvé toute ma force, cela était sûrement dû à la colère. Je montais les escaliers en courant, je savais qu'elle n'allait pas me laisser partir comme ça. Pour une fois, j'aurais préféré ...

Je m’étais doutée que sa réaction n’allait pas être tendre. Mais je ne pensais pas que cela prendrait de telles proportions. Il me hurlait dessus, me disant que j’étais complètement folle de faire ça, surtout à l’âge que j’avais. Il avait raison je le savais. J’étais à peine majeure, à peine sortie du lycée, et ce n’était pas le moment de me marier. Il avait une réaction tout à fait légitime, particulièrement pour un grand frère. Il ne voulait pas voir sa petite sœur commettre la plus grosse erreur de sa vie et j’en fus presque touchée. Mais je n’arrivais pas vraiment à me concentrer sur autre chose que la colère qui émanait de son regard.

- Ethan …

Mais je ne savais même pas quoi lui dire. Parce qu’il ne savait même pas tout et que je n’osais pas en rajouter pour le moment. Et puis il était tellement énervé. Je ne l’avais jamais vu dans cet état, il était fou furieux. Il soulevait le point de l’avis des parents. Je savais parfaitement que je n’en avais pas besoin - en connaissance de cause. Bien sur il traitait mon « petit ami » de pauvre type. Mais jusque là il n’y avait rien d’inhabituel.

- La question n’est pas de savoir ce que tu penses de lui.

En effet, c’était sûrement la dernière chose que je lui demanderais. Son avis sur mon petit ami. Je savais qu’il les détestait tous, il n’était pas du tout objectif. Mais par exemple, papa et Katherine l’aimaient bien et je prenais donc leur avis bien plus au sérieux. Et c’était ce que je pensais moi qui comptait le plus.

Je vis des larmes dans les yeux d’Ethan. Des larmes. Je n’en croyais pas mes yeux. Je ne l’avais pas vu pleurer depuis ses dix ans. Ethan ne pleurait jamais. Je m’en voulu soudain de savoir que je lui faisait mal à ce point. Je n’avais pas imaginé que cela puisse le toucher autant, et je ne comprenais toujours pas pourquoi il réagissait aussi dramatiquement.

Ethan quitta la cuisine avec violence, et courait dans ses escaliers pour rejoindre sa chambre et soi-disant dormir. Mais je savais qu’il souhaitais juste m’éviter. Cependant, je le suivais. Je ne voulais pas que l’on laisse là la conversation. Il fallait que je lui explique, qu’il comprenne. Je ne lui avais rien dit pour le moment, je lui avais juste montrer la bague. Il avait tiré ses conclusions mais je savais qu’il n’avait pas tout compris.

- Ethan, laisse nous au moins la chance d’en parler. On va pas régler le problème comme ça.

Parce que c’était vraiment un problème te je savais parfaitement que c’était exactement ce qu’il pensait. Mais d’un côté je n’étais pas sure qu’il préfère la vérité. Je croyais même qu’il aimerait mieux que la vraie version soit celle qu’il ait compris. Parce qu’il aurait pu encore faire quelque chose. Mais la situation était bien plus complexe qu’une simple demande en mariage d’un petit ami. Oh oui bien plus complexe que ça.

- Ce n’est pas du tout ce que tu penses ! Je ne sais pas si c’est mieux mais …

Je ne savais pas si je pouvais lui dire. De toutes manières il ne m’écoutait pas pour le moment, où du moins il ne me prêtait pas d’attention, avançant dans le couloir vers sa chambre qui était toujours sa destination et moi le suivant, attendant qu’il se retourne vers moi et qu’il me laisse l’occasion de lui parler. De lui raconter ce qu’il s’était passé.

Ethan en comprenait pas, mais il n’y avait rien d’étonnant à cela. Il me demandait si j’étais forcée, si je n’avais pas le choix. Mais nan le problème n’était pas là. Ce n’était pas sur ce point qu’il ne m’avait pas bien comprise. C’était sur la date du mariage. Il pensait que Nate venait de me demander en mariage, que j’envisageais de l’épouser mais c’était déjà fait. Le problème n’était pas que j’allais l’épouser, le problème était que je l’avais déjà épousé.

- Nate ne vient pas de me demander en mariage Ethan … je n’arrivais pas à lui dire, ça me faisait tout autant de peine que cela semblait lui en faire. Mais je voyais aussi qu’il ne supportais pas le suspens. Il est déjà mon mari … depuis six mois.

J’avais épousé Nate par accident - si l’on pouvait dire ainsi - il y avait de cela plus de six mois. Et je ne l’avais encore dit à personne. Il fallait dire que ce n’était pas le genre de choses que l’on criait sur les toits. Mes parents m’auraient tué. D’autant plus que je savais que ma meilleure amie était amoureuse de Nate. J’avais fait les choses totalement de travers, je le savais, mais c’était trop tard maintenant.

J’attendais la réaction de Ethan. Je savais qu’il allait me tuer d’avoir fait ça, mais c’était trop tard pour faire marche arrière maintenant. J’avais peur de sa réaction surtout lorsqu’il s’était énervé en pensant que Nate venait de me demander en mariage. Qu’allait-il dire maintenant que je venais de lui avouer que j’étais déjà mariée.

- Essaye de ne pas me juger s’il te plait Ethan.

Je savais parfaitement qu’il le ferait, qu’il me ferait savoir à quel point il trouvait cette situation ridicule, à quelle point il trouvait que j’étais une idiote. Et je savais parfaitement que cela me ferait de la peine. Car ce qu’il pouvait penser de moi me touchait profondément, et pour cause … Mais il ne savait pas qu’il était le seul avec qui j’avais réellement envie d’être mariée un jour, il ne savait pas ce que je ressentais et je ne pouvais pas lui dire. Alors forcément sa réaction ne dépendrait pas de cela.

J’aurais tellement aimé qu’il me comprenne, qu’il me soutienne. Qu’il soit de mon côté tout simplement et que je sache que je pouvais compter sur quelqu’un. Mais j’étais tout à fait consciente que je ne pouvais pas lui demander une telle chose. Il allait avoir exactement la même réaction que tout le monde, qui était aussi la raison pour laquelle j’avais caché mon mariage aussi longtemps. Je regrettais presque de lui avoir révélé maintenant.

Je fronçais les sourcils. Qu'est ce que cela voulait dire ? Pourquoi avait-elle alors une nouvelle bague et qu'elle m'avait dit de ne pas la juger ? Je la regardais, jusqu'à ce qu'elle m'annonce qu'ils étaient en fait déjà marier. Si j'étais dans un cauchemar, j'espérais me réveiller au plus vite, car la situation n'était tout simplement pas agréable. Si elle plaisantait, j'espérais qu'elle allait vite arrêter, et me dire la vérité avant que je fasse un arrêt cardiaque. Enfin si c'était la vérité, là je n'aurais plus qu'à me jeter sous un train car ça serait la pire des choses qui pourraient m'arriver. Je restais bouche bée devant elle, je ne savais même plus comment réagir ...

" Mais Putain Autumn, Qu'est ce que c'est que cette connerie ?"

Elle ne semblait pas plaisanter, c'était donc la vérité, il y avait encore l'hypothèse du cauchemar, je pouvais encore me réveiller. Si j'avais une tables, des assiettes, des objets face à moi, je les aurais sûrement balancé dans toute la maison. J'étais pire qu'avant, je devenais même méchant, j'étais en colère contre elle, contre lui. Comment pouvait-elle me faire ça ? Pourquoi ne pouvait-elle pas avoir les mêmes sentiments que j'avais à son égard ? Je la regardais, furieux ... Je n'en avais pas fini avec elle, je devais lui faire mal autant qu'elle me faisait du mal, même si cela n'avait pas la même valeur pour elle et pour moi. Je recommençais à hurler sur elle...

" Que je ne te juge pas ? Tu vas m'annoncer quoi maintenant ? Qu'il t'a engrossé ?! Super !! Je vais devenir l'oncle d'un bâtard attardé qui a une mère inconsciente et pour père un pauvre type. Génial ! Je lui souhaite bien du courage à ce gamin !"

D'accord j'avais dépassé les limites, je regrettais déjà tout ce que je venais de dire, pourtant cela m'avait fait du bien, car je savais que ça allait lui faire mal et qu'elle allait s'énerver. Je gardais mon air furieux, je n'avais aucune envie de lui montrer que je regrettais mes paroles car je ne le regrettais pas totalement. J'attendais une réponse de sa part, je voulais des explications, pourquoi avait-elle fait ça ? Est ce qu'elle l'aimait vraiment ? Pourquoi ne l'avait-elle dit à personne ?

6 mois encore, qu'est ce que ce juge avait dans la tête ? J'étais perturbé par cette nouvelle. Comment pouvait-il croire qu'un mariage à 19 ans était vraiment voulu et censé ? Je soupirais tout en la regardant, je ne savais vraiment pas quoi dire ... Mon cœur semblait se déchirer lorsqu'elle m'avouait qu'elle ne savait pas ce qu'elle ressentait pour son crétin de mari. Je me sentais trahis et idiot aussi. Il fallait que je me calme, que je me fasse à l'idée qu'elle n'avait pas les mêmes sentiments que moi. Il fallait que je m'éloigne d'elle aussi.

En plus elle ne savait pas si elle voulait vraiment divorcer. J'espérais que c'était une blague parce que ce n'était vraiment pas drôle. Je lâchais brusquement son bras que j'avais garder dans la main et me reculais. Je ne savais pas quoi faire, ce qui était sûr c'est que je devais partir.

" Je vois ... "

Je plantais mes yeux au sol, je n'avais pas envie qu'elle voit l'immense tristesse qui ressortait de mon regard. Je n'avais rien à dire, elle avait 19 ans et donc je n'étais pas en position d'intervenir dans sa vie. Pourtant j'étais sûr que c'était mon rôle, parce que j'étais son grand frère.

" Je vais prendre une douche et aller récupérer ma voiture ... J'ai plus de questions à te poser ... Alors merci encore pour hier... Tu ferais mieux d'aller en cours maintenant ..."

Je passais à côté d'elle sans la regarder. Je n'avais pas été froid, juste ... distant. Sans me retourner, j'entrais dans la salle de bain et claquait la porte. Je m'assis dos à celle-ci et soupirait. Qu'avais-je fais pour souffrir ainsi ? Pourquoi ne pouvais-je me contenter d'aimer ma petite amie et personne d'autres ? Lynn', j'avais besoin de la voir, j'avais besoin de réconfort... Alors dès que j'aurais récupéré ma voiture, j'irais la voir et j'essayerais d'oublier cette histoire.

Je n'entendais plus de bruit à l'extérieur, j'espérais ne plus recroiser Autumn de la journée. J'avais besoin de réfléchir. Je me levais et prit ma douche. Je sortais ensuite, m'habillait et ne tarda pas à sortir dehors, partant à pied sur la plage pour récupérer ma voiture; Passer la nuit avec elle, enfin qu'elle soit présente avec moi pour dormir m'avait vraiment fait du bien. Mais cette histoire de fou m'avait vraiment fait oublier cette sensation de bien être. J'étais à présent malheureux et je ne pouvais rien faire pour arranger ça. Ah si, je pouvais peut être casser la gueule de ce pauvre type qui avait fait de ma soeur une inconsciente ...