Bonne fête... Enfin, si l'on veut | Tyler <3

Stella & Tyler sister&brother

Le soleil chauffe doucement la peau de mon dos nu. C'est agréablement bon. J'émerge doucement, avec prudence, je ne veux pas risquer mes yeux dans une lumière trop cru. En réalité quand j'entre ouvre les paupières, je ne perçoit que très peu de jour. La pièce est dans la pénombre. Je me redresse comme je peux, une masse s'appuie sur mes reins et je me bloque moi même un bras sous le torse. Je me redresse un peu plus, dégage mon bras puis ma main et me frotte le visage avec en ouvrant un peu plus les yeux. Je ne reconnais rien. Rien du tout. Bordel j'ai mal à la tête. Pleins de fringues sur le sol et une saloprie de réveil qui tic tac un peu plus mon mal de crâne. Pleins de fringues sur le sol ... Je souris et me tourne, pour découvrir le poids qui pesait sur mes reins avant que je me redresse trop haut et qu'il glisse sur les draps. Une jolie brunette. Mais un méga trou de mémoire, comme a mon habitude, il me faudra du temps avant de bien me rappeller. Pour l'instant ça n'est que des bribes de lumières, de musique, de poudre, de verres ... Je repose vivement les yeux sur le réveil, je sais que j'ai oublié de faire un truc, mais quoi ...
Je me lève doucement, m'habille et passe dans la cuisine pour me servir. Les absents ont toujours tord, alors la jolie fille qui dors profondément dans son lit ne dira rien si je lui pique un verre de jus d'orange. Ca fait toujours mieux passer la dose d'anti-douleur que je vais prendre avec, pour une bonne fois, une bonne raison. Je rince le verre et m'apprete à partir, mais un élan de gourmandise m'assallit. Elle était plutot pas mal endormie et si j'avais attéri chez elle ça n'étais pas forcément pour un rien, Ok je devais etre bien fait mais quand même, dans ces cas là j'ai toujours une lueur de lucidité ... J'avance dans le salon, me dirige vers le téléphone auprès du quel repose un calepin, j'y laisse mon numéro et va pour le poser sur la table du salon. Mon regard accroche alors le calendrier, avec la date de la veille. Je fais un rapide calcul. Nous sommes le 21 Juin, le jour de la fête des pères. Je pose le bout de papier et sort de l'appartement sans bruits.

Les poings sérrés bien cachés au fond de mes poches je sais ou je vais. en même temps j'y réfléchit, comme chaque années ça ne sera pas une mince affaire. Je sais maintenant ce que mon esprit avait refoulé au réveil, je dois rejoindre Stella à la plage comme chaque années, passer la journée avec elle. Nous protéger, et se remémorer le peu que je n'ai pas refoulé. J'essaye plutôt d'oublier ce que fut mon père. Mais même si je m'y éfforce chaque jour, mon inconscient s'y refuse entiè-rement parce que Stella à besoin de savoir que son père a exister, peut-importe qu'il se soit comporter comme un véritable enfoiré manipulateur et ultra exigent avec moi. Je vais en quelque sorte à l'abattoir, chaque année à cette date, pour cette occasion.

Chez les Perkings on a plus souhaité une fête des pères depuis longtemps maintenant, on en a même plus le goût. On la fait à notre manière, Stella et moi. Et ca me donne une occasion de la voir en dehors de la maison. Je crois que ce rituel aussi éprouvant qu'il soit pour moi, me permet tout de même de ne pas abandonner ma soeur. Je manque de me prendre un lampadaire.
Papa disait toujours :

" - Marche la tête haute fils, tu verras le monde s'étaler sous tes pieds !"

Le pire c'était qu'il était convaincu que ce qu'il m'apprenait vallait la peine. Sans blagues, ce genre de promesses ne valent rien, je suis là ou je suis en ce moment, avec des tas de merdes qui bordent les trottoirs, un sachet d'héro dans la poche et une vie en dents de scie. Ouais pour sur le monde s'étale sous mon pied, si je marche dedans !
J'arrive aux abords de la plage, on y a notre endroit. J'avance doucement, j'aime passer du temps avec ma soeur, mais je n'aime pas gâcher ce temps avec de fausses belles paroles prononcées pour mon père. Elle est assise dans le sable tournée vers la mer. Je m'approche doucement et me laisse lourdement tomber à côté d'elle, je pose ma tête sur son épaule. J'ai eu une rude nuit.

- Comment va mon oreiller portatif préféré ?

Stella & Tyler sister&brother

Stella est assez bonne ce matin pour ne pas me dégager de son épaule. C'est son jour affectueux, je sais que le 21juin est béni en quelques sortes, parce que ma soeur offre de l'affection. J'ai beau être un homme et ne pas tellement m'en soucier, j'en ai besoin, au fond. Elle évoque ma nuit en tendant son autre bras vers le sable, et je termine avec un sachet sous le nez. Un sachet qui a le don d'éveiller la bête en moi, je n'ai rien avalé appart une petite dose et un jus et si Stella me dit que c'est gratuit alors ...

- Gratuit hein ! Depuis quand tu tape dans les boulangeries c'est nouveau ça ?

Elle retire son épaule brusquement, mais je garde ma tête sur elle, vainqueur elle la remet en place en se contentant de mâcher. Je prends un pain au chocolat, encore chaud et croque dedans. Cette patisserie est délicieuse. Si ma soeur est voleuse à ses heures, je la remercie intérieurement d'avoir cambriolé la meilleure boulangerie d'Océan. L'idée me la fait l'imaginer en plein action, masquée, mains gantés, rouges à lèvre en guise d'arme de point. J'ai un rire et m'étouffe presque aussitôt. Me redressant, Stella a la bonté de me frapper aussi fort qu'elle peut, le dos. Si je me retrouve avec des bleus demain, je saurais pourquoi. Quand elle le veut, cette peste peut sacrément faire mal. Là, elle doit surement se venger de mon pique sur son vol.
Je me revoies encore devant cette boutique, la main sérrée sur mon portable, me tatant à appeller notre mère. J'entrais au final et me retrouvait face à la responsable du magasi, une pimpèche à l'air sévère, un grand vigile aussi large qu'une armoire à glace, et entre eux, Stella, stoïque.

- " Vous savez que ce que votre soeur à tenter de faire est grave jeune homme, je dois avertir vos parents !"

J'hésitais, j'avais à peine 19ans. Légalement je n'étais pas tout à fait majeur et donc j'étais autant hors la loi que ma soeur.

- " Vous vous rendez bien compte que nous ne pouvons tolérer ceci, j'éxige que vous me donniez leurs numéros !

- Impossible Madame."

Je revis alors le regard de Stella s'animé, surprise.

- " Et pourquoi celà je vous prie ?

- Parce que nos parents sont morts. Je m'occupe seul de ma soeur, réfléchissez, pourquoi vous aurait elle donner mon numéro à la place des leurs ?"


On s'en étais bien sortit ce jour là, maman n'a jamais su, mais Stella a compris que même si elle m'a déçu, elle pourrait toujours compter sur moi et ce malgré toutes les imbécilités et les folies qu'elle pourrait bien commettre.

J'avale une nouvelle bouchée, le soleil faisait briller la patisserie et je baille. Suite logique ?

- Rappelle moi pourquoi on viens toujours aussi toi Sté ?

Stella & Tyler sister&brother

Une réponse tout à fait normale de la part d'une petite fille ayant perdu son père trop tôt. La boule annuelle se plaça dans ma gorge. Bien entendu que je n'allais pas lui refuser de parler de notre père, je n'en avait pas le droit, enfin si, mais je me le refusait, pour Stella. Elle n'avait que moi pour en parler après tout, on ne peut pas compter sur notre mère pour un quelconque récit, elle est trop enfermée dans sa douleur. J'aurais tant souhaiter qu'elle retrouve un homme. Au lieu de ça, elle s'enferme dans son travail, s'acharne à être une bonne mère mais ne fait que rater ce qu'elle entreprend envers nous.
J'inspire profondément l'air marin, celui qui dégage toutes mauvaises pensées, tout ressentiment, cet air magique iodé qui rend l'être plus gréable. Je sens son regard sur moi, sans quitter la mère des yeux, je l'ai sentit se tourner vers moi. Elle espère que cette fois j'y arriverai. Jusqu'au bout. Je pense qu'elle croit que c'est dur pour moi parce que je l'ai trouvé ce jour là, mais c'est plus dur de retourner dans mon dénis. Vivre sans mon père est bien mieux pour moi que pour elle. Je me racle la gorge brièvement et tourne mes yeux bleus glacés vers les siens, verts émeraude pétillants. Je sais qu'elle lit en moi, elle y voit le mal que j'ai à parler de lui.

- Biensur ...

J'acceptais encore une fois d'être replongé dans l'acide de la tyrannie paternelle. J'aurais bien avaler un ecsta si j'avais pu, histoire de voir tout ça dans le sens dérisoir de la chose. Je ne quitte pas ses yeux pour confirmer et elle me remercie par un petit sourire. Ce genre de sourire sincère si rare sur son visage. Je crois que je suis le seul à avoir la chance de les recevoir.
Je reviens sur la mer, mes yeux suivent les vagues et je sers mon poing, celui qui est au chaud au fond de ma poche.

- Bonne fête papa.

Elle répète mon souhait, comme chaque année. C'est un peu comme un rituel. On lui souhaite pour être un peu comme tout le monde, seulement, Stella est sincère, moi non.

- Tu te souviens de cette fois ou ton vélo avait disparu "par magie". ...

J'eu un rire bref, repensant à cette farce que j'avais osé faire, elle eu elle aussi un rire et me donna une pichnette dans l'oreille. Oui elle s'en souvenait ... Moi je me souvenais surtout de "l'après", de papa ...

Stella & Tyler sister&brother

En y repensant, elle ne devait vraiment pas se douter de tout ce qui s'était passé. Trop jeune, la petite soeur qui était contre moi désormais était une jeune femme plein de vivacité. Cette vivacité d'esprit qu'elle ne possèdait pas quand elle n'était, il faut le dire, qu'une enfant. L'innocence qu'elle a pu conserver l'a protégée tout ce temps ou la mienne était anéantie.

Je la sentit se contracter quelque peu à l'évocation de son souvenir. C'était vrai qu'elle avait paniquée, une vraie furie qui hurlait dans tous les sens qu'on avait enlevé son vélo, alors que je l'avais juste caché derrière la voiture dans le garage. Je la revoyait courir à droite à gauche une expression appeurée sur son visage d'ange. J'avais été méchant. C'était peu être pour ça ... Je dégageais cette réflection de mes pensées, pour me reconcentrer sur ma soeur.

- Arf te revoilà partit avec E.T. fout lui la paix bon sang il est gentil lui au moins ! Tu peux pas avoir peur de bestioles pire ? Parce que c'est un peu la honte là Sté, quand même !

Parfois la nuit, je l'entendais pleurer. Alors je me levais et allais me rendormir auprès d'elle. Mais avant, et pendant longtemps, nous parlions. De ses cauchemars d'abord, pour qu'elle évacue ses images négatives, puis de lnos rêves, de nos futurs. Quand on seraient grands... Loin de tout, dans notre vie à nous.

Je passa mon bras autour des épaules de Stella et la serra contre moi. Le temps où la vie était simple était révolu. Plus rien ne serait jamais comme avant et tant mieux dans un certain sens.

- Je suis désolé de t'avoir fait cette mauvaise blague.

Elle tourna à nouveau son regard cristallin vers moi, accordant sa pénitence en silence, elle savait que j'avais été puni. Mais pas comment. Je ressentait encore la puissance de la main paternelle s'écraser sur mon épaule, presque me l'arracher, m'entraîner avec elle le long du couloir, me pousser dans le noir, s'abattre sur ma joue comme jamais rien auparavent et claquer la porte du placard sur moi, tremblant de peur. La voix de notre père résonna.

" Tant que tu continueras à agir comme un enfant tu iras dans ce placard ... Tu n'en sortiras que lorsque je l'aurais décidé ... Un homme ne pleure pas Tyler ! Tu ne dois PAS pleurer ! ... Tu as mal agit tu en payes les conséquences... Tu dois être plus intelligent ... ARRETE DE PLEURER ! ... Enfant ... Adulte qui assume ... Gosse ... "

J'y étais resté 3 jours. 3 jours comme un prisonnier, pain sec et haut. Pour apprendre à agir comme un adulte, assumer mes actes, ne pas agir comme un enfant, ne plus agir comme un enfant. J'étais un enfant. 3 jours de douleurs dans ce placard humide et froid au fond de tout, perdu dans la maison. 3 jours en entendant Stella crier mon nom pour dire qu'elle ne voulait pas jouer à cache cache, que je devais sortir. 3 jours à recevoir les mains de mon père sur le corps parce que des larmes osaient couler sur mes joues.

Tout ça pour un vélo. J'avais 10ans. Je serais ma soeur un peu plus fort et respirait un bon coup. Elle avait 4ans elle ne doit plus avoir que des flashs de tout ça, le plus marquant restait pour elle, la disparition de son vélo.